chanson pour marie


sans demander son reste
sans demander mon nom
elle avait le pas preste
peur et tout d'un canon

sans lui murmurer: reste
sans opposer un non
je l’ai laissée agreste
partir à dos d’ânon

c’était, je m’en souviens
quand je n’avais que l’air
de comprendre mes nerfs
de connaître mes liens

la nuit ouvrait sa veste
habillée de frissons
une silhouette à l’est
s’offrit et deux yeux ronds

imaginèrent lestes
l’ovale d'un giron
des bras, deux seins, le zeste
de sa peau bleu citron.

c’était, je m’en souviens,
l’aube légère et claire
d’un été sans tonnerre
d’un éclair avant rien

réveillé de sa sieste
le temps reprit et l’on
entendit le funeste
cri d'un homme seul et long

le monde fit un geste
pour briser l’horizon
rien ne bougea et l’ouest
devint une prison

c’était, je m’en souviens,
un tremblement de l’air
il y a deux millénaires
ah si j’avais dit: viens !

du 22 au 24 octobre 2015
en revenant d’un long voyage