chanson pour georges moustasir

quand il me faudra cesser d’être
qu’il n’y aura qu’une fenêtre
allumée triste à ma façade
lorsque la dernière rasade
d’eau de vie aura été bue
que tout jusqu’au dernier zébu
ne remuera ni ne bruira
plus
dans les jungles de mon corps ha

quand je devrai faire le mort
pour de bon sans plus semblant de vivre
quand tu me diras de te suivre
 traverser des forêts désertes
déserter les peurs l’espoir les pertes
perdre de vues nos lunes vertes
sans passer par ces plaies rouvertes

j’aurai déjà mis mon âme hors

admis par la muse à Pâques
mis en musique au Poisson d’avril

chanson pour marie


sans demander son reste
sans demander mon nom
elle avait le pas preste
peur et tout d'un canon

sans lui murmurer: reste
sans opposer un non
je l’ai laissée agreste
partir à dos d’ânon

c’était, je m’en souviens
quand je n’avais que l’air
de comprendre mes nerfs
de connaître mes liens

la nuit ouvrait sa veste
habillée de frissons
une silhouette à l’est
s’offrit et deux yeux ronds

imaginèrent lestes
l’ovale d'un giron
des bras, deux seins, le zeste
de sa peau bleu citron.

c’était, je m’en souviens,
l’aube légère et claire
d’un été sans tonnerre
d’un éclair avant rien

réveillé de sa sieste
le temps reprit et l’on
entendit le funeste
cri d'un homme seul et long

le monde fit un geste
pour briser l’horizon
rien ne bougea et l’ouest
devint une prison

c’était, je m’en souviens,
un tremblement de l’air
il y a deux millénaires
ah si j’avais dit: viens !

du 22 au 24 octobre 2015
en revenant d’un long voyage
              

chanson pour qui veut d’elle

Aussi conçue sous le nom de

Divin sonnet sorti de la cuisse d’un madrigal


– Voici comme un sonnet...
Disait l’homme à la femme
– Ce sonnet, c’est mon âme
Mon âme qui renaît

Chaque fois que vos charmes
Raniment feue sa flamme
Et qui sans ceux-ci n’est
Plus rien, qu’un sansonnet...

– Regarde et reconnais
Dans cette Âme-Sonnet
Ton Âme, ô Pantoum-Toi !

La femme regarda,
Et reprit, le son net:
– Voilà comme un sot naît.

écrit au bout d'une branche, 
dans la vague peur de la lâcher, 
le 8 juillet 2014, 
repris plus tard en air,
le 23 septembre du même an

chanson pour un changement


Du pas cher au j’ai chaud, le changement,
De slogans en sanglots, c’est maintenant

Le changement, c’est maintenant
Dit l’acide aux nuages
Le changement, c’est maintenant
Disent les nues en nage
Le changement, c’est maintenant
Dit l’azote à l’ozone
Le changement, c’est maintenant
Disent les eaux aux aulnes

Disent les hommes aux ormes
Aux ormeaux, aux hormones

Le changement c’est maintenant
Le changement c’est maintenant

Le changement, c’est maintenant
Dit l’ammonium
Dit l’éthylène
Dit l’acétone
À l’âne et même
 À l’anémone*

Dit le gramme à la tonne
Dit l’automne à la terre
Dit l’été à l'hiver
Disent les marées aux mers°
Dit l’amertume aux mûres**
Dit le Roi Thune à Dame Nature

Plus de Moires c’est l’or noir qui dit la bonne aventure
Et plus d’amour c’est la Mort qu’on deale en hydrocarbures***
De pétrole empêtré, le pétrel colle et fouette
Les marées sont marbrées, c'est Kill Bill chez les mouettes

Le changement c’est maintenant
Comme un foret fou va furetant
Il court il court, les forêts souffrent
Leur souffle est court, il sent le soufre
L’air a de l’asthme mais sans qu’il souffle****
Sur une braise, le feu s’engouffre

Le changement c’est maintenant,
Maintenant, et à jamais,
Dit au temps qu’il fait le temps qui défait

Le changement c’est maintenant
Disent au monde
  Comme à une montre°°
   Comme à une bombe°°°
Comme des ogres
Au môme
Les hommes





       
* VAR. Aux ânes et même / Aux années mêmes / Aux anémones
** VAR. Dit le chlorure aux mers / Dit l’amertume aux Muses plumes
*** VAR. ...qu’ils dealent en hydrocarbures
**** VAR. Le vent est maigre et... un feu s’engouffre
° Init. Dit le bromure 
°° Init. Comme à un monstre
°°° Init. Comme à l’immonde / Comme chaque seconde
Écrit à Berlin au lieu d’une thèse
 Un 24 octobre, en 2013
( Les vers non chantés sont grisés )

chanson pour voir michel (face A)


         
                Paris sans voir Michel
C'est        Paris sans Tour Eiffel
C'est        Un briquet sans étincelles
C'est        Une vaisselle sans liquide vaisselle

C'est        Le bruit de la mer sans son sel
C'est        Un amour, un avion sans ailes
C'est        Un train grande ligne direction Chelles
C'est        Rendez-vous place Saint-Michel

C'est        Paris sans voir Michel
Et            Paris sans voir Michel
C'est        Paris-Plage aux Seychelles
Mais        Les Seychelles dans les mains de Shell

Ouais       Paris sans voir Michel
C'est        Paris sans Tour Eiffel
C'est        La joie sans son échelle
C'est        Ta voix qu'un soupir fêle

    Laurel et Hardy sans Laurel
    Garfield et Odie sans gamelle

                Paris sans voir Michel
C'est        La Russie sans le dégel
C'est        Israël et Ross sans Rachel
C'est        La Roumanie sans Romanichel

C'est        Manuel Valls sans Marine Le Pen
C'est        Une valse avec le FN
C'est        L’Alphabet dans la lettre N
C'est        L’Assimil du chagrin sans peine
C'est        L’Europe jetée dans une benne
                Autrui aux truies, l’Espoir à Fresnes
C'est        L’Avenir dans un train qui freine
                La France en quarantaine, en berne

2013 avait 9 mois et 1, puis 2 jours

chanson pour voir michel (face C)


         Paris sans voir Michel
C'est Blanche-Neige sans son rimmel
C'est moche
Berlin était loin de Paris et 2013 avait 9 mois, 2 jours, 13 heures, et 9 minutes


chanson pour une turquie déjà européenne (a.k.a. l’arbre de gézi)

L’arbre de Gézi pousse à Berlin
En bord de Spree, et à Treptow
Au bord des canaux, à Treptow
À Prenzlauerberg, à Treptow
Au ciel ouvert, ouvert au couteau,
        de Welzow
Dans la nuit close d’un club qu’on n’a pas encore fait fermer
Dans le pâle palais d’une république écroulée
Sur les toits de la ville, avant qu’ils soient tous rénovés
Dans le tremblement, l’effondrement d'un bâtiment
        et à Treptow
Aux arrières d’une gare à Stuttgart
Au péril d’un périph’ à Leipzig
Sous les nuages* et les avions d’un ciel français
Il pousse partout en Europe
Et il est partout repoussé
L’arbre de Gézi a besoin d’hommes
C’est lui qu’il faudrait arroser
Nous voulons des jardiniers sûrs
Nous voulons des jardiniers sûrs
Nous voulons des jardiniers sûrs
Nous voulons des jardiniers sûrs

Voulons-nous être ces jardiniers ?
*VAR. étoiles
chanson traduite de l'allemand autour du 13 juin 2013

chanson pour une finca



Palma de Mallorca
C’est pas Nueva Yorka
C’est bien mieux que ça, c’est l’azur

Y a  pas d’Amerloque
En vue, de Minorque
Y a pas même d’orque, c’est plus sûr

Les menus sont tous en allemands
Le silence est en catalan
Le reste est encore en voiture

De la plage arrière à la plage à mer
Du moteur qui tousse aux moutons qui moussent
Il n’y a qu’un pot qui carbure

Un bon millier de tournedos
Sue la bière et cuit en maillot
El sol se los come nature

Mais Palma de Mallorca
Même avec tourista
Est au-d’ssus de ça, dans l’azur

Et le ciel bleu dans l’eau
Le ciel vu d’en haut
Malgré les boyaux, reste pur

D’ailleurs Ibiza, c’est pas nous
La nuit en boîte a moins de goût
Que nos clairs de lune à la brune

Les seuls teuffeurs, les seuls geeks aux
Alentours de Mandragó
Ce sont les geckos qui n’ont cure

De Google, de Facebook
De belle gueule, de bon look,
La nuit sur leur mur, ils assurent

Stress, strass et fiesta
Sont dans leur siesta
Ils roupillent comme d’autres respirent

Ils ont aux joues l’œil du dément
Aux mains les semelles de l’aimant
Ils se déhanchent en mesure

C’est comme deux soleils
Montés sur orteils
Qu’aurai(en)t le sommeil à l’usure

Tous les murs les ont pour oreilles
Ils boivent du vent et des abeilles
Et le vin du soleil qui murmure

Au frais des mots doux sous l’auvent
Les moulins parlent du temps d’avant
Au vent, mais le vent les censure

Oui, je voudrais avoir
Là-bas, aux Baléares
La vie d’un lézard sur un mur

La montagne apprend à nager
Ça sent la figue et l’olivier
De virages
En rivages
De villages
En visages
Octobre est doux................. 
...comme un fruit mûr

.........
..................
.....

La terre est rouge, le ciel est bleu
C’est l’occasion de croire en dieu
Les palmiers aux cieux ont l’air sûr

Ils se dressent, ils sont nos aïeux
Qui nous disent “pour vivre vieux
Vivez mieux, à plus lente allure”

Palma de Mallorca
C’est pas Nueva Yorka
C’est bien mieux que ça c’est l’azur

Alors, quand ta vie se bloque
Pile à la remorque
De tes rêves en toc et en sciure

Oui, quand ton aube en loques
Contre les Morlocks
N’a plus que des cloques
Pour armure

Lorsque tes tours, tes monts, tes rocs
Tes mots, tes murs, tes quais, ta coque
Ne sont plus que bloc de fissures

Te noie pas dans la vodka
Ni l’Palo de Palma
Ni l’anis, ni l’aigua, ma dans l’azur

Troque ta remorque
Pour le dos d’un orque
Viens, cherche à Majorque une masure

Oui, noie-toi dans Mallorca
Dans son bleu, dans ses bras
Dans son vent, dans ses voix
Dans son silence d’ocre et
Dans ses yeux de pampa et d’azur
Dans son azur


Campos, du 7 au 16 octobre 2012
 
strophe ou vers non chantés

chanson pour b, chanson pour j

yo voy a escribir unos versos
yo voy a desatar un poema
que borrará mi soledad
             y

sus ojos
como flores y naranjas
donde las miradas zumbar

y las palabras corriendo
entorno a tí
mareada de estrellas

mas
no llego
y me quedo solo
du temps tardif et reculé d’une première espagne

chanson pour une question


je pense et pince et panse et ponce
ma réponse en pierre poncive
je la passe à la pierre ponce
et rabote, aride lessive,

mes récits, mes scies, mes récifs
je lave-lime et craie-caresse,
ponce et re-ponce au grès du cif
des phrases abrasées au gneiss

***
silence, silo de semonces,
pour découvrir tes amériques
j'ai rincé mes vers à la ronce
et briqué ma rime à la brique

(chanson écrite sous pseudo-lime, le même soir que la précédente qui suit)

 

chanson pour une orange ivre

ma tête est bleue comme une cange
dont j'aurais rancé la carène
d'éclisses bleues comme les anges
j'ai jeté les rats aux murènes

ma tête ploie comme une nef
qu'on a chargée de boniments
la lune est d'un beau brun de leffe
l'eau a le delirium tremens

tout l'équipage est sur le pont
à regarder la mer grossie
on entend dupont et dupond
tue-têter du tino rossi

un mousse pousse haut sa huppe
je l'envoie sur la hune et drosse
au mat, bientôt, d'étranges drupes...
la mer écopera des os

la mer aboie, il y a mille ou
deux mille requins au bas mort
quoique leur vigne ait le mildiou
le vin des vagues mord encore

seul l'errant lui aussi s'en saoule
un rayon scie sa coque... chut !
phare annoncé au ras des houles...
ma nef au fond des mers s'est tue

(écrit ici, un soir d'octobre)

(et le lendemain scotché sur un vieil air)

(qui n'a pas tenu, d'où rustine, entre l'avant et dernier vers :

ma tête fond, les alcools coulent
les flots les font, ma tête roule
son bateau coule

ajoutée la semaine d'après)

chanson pour tuer le temps

(chanson sujette aux sautes de strophes)
tu ne sais pas pourquoi tu pleures
tu ne sais pas pourquoi tout meurt
pourtant tout meurt, pourtant tu pleures

tu ne sais plus comment tu vis 
tu ne sais plus comment on rit
pourtant tu as ri, à ce qu'on dit

tu ne comprends plus quand on te cause
qu'on te peint la vie en mots roses
pourtant tu causes, tu causes, tu causes

tu ne sens plus le vent jouer
dans ton cou, sur ton front, ton nez
le vent a ses deux joues trouées

tu ne sens plus la joie se plaire
dans tes orteils, dans tes artères
tu es le roi du rocking-chair

tu ne captes vraiment plus grand chose
ton magnétoscope est sur pause
et le zapeur est sous hypnose

tu perds tes cheveux et tes kilos
t'es cerné, t'es vieux, t'es pâlot
tu sens bon l'odeur du caveau

tu perds tes plumes, ta peau, tes os
tu te sens léger comme un veau
comme une enclume sous un cargo

tu ne sais plus ce qu'ils se disent
lorsque le désir les aiguise
tu feins leur faim, tu te déguises

tu aimerais bien, parfois, te taire
apprendre le silence des pierres
avant la terre du cimetière

tu vois la neige qui tombe, grise
sur tes écrans, sur tes valises
ta vie n'est que parties remises

tu jurerais qu'on t'a menti
qu'on t'a pas dit quoi, pas dit qui
tu sais juste plus ce que tu dis

tu entends crisser l'horizon sous
les bottes en cuir d'un soir jaloux
les bottes sont sales, le soir est saoul

tu cours le long du quai en sueur
tu manques d'air, tu manques l'heure
tu fais de l'apnée dans ta peur

tu n'entends plus un cri quand tu cries
ne sens plus d'envie quand tu vis
pourtant tu cries, pourtant tu vis


tu voudrais encore tuer le temps
en chantant mais le temps t'attend
et tant s'est tu, sais-tu, qu'il (t'en) tue



(écrite un 5 septembre pour un concert du 6)

chanson pour prime

notre amitié
simple comme deux accords de guitare
allait
venait
flânait
glanait
les mélodies
qui s'envolaient
nos voix qui jetaient leur filet
sur tes jolis
jeux de mots laids
refrains, couplets
rimes en -è
mais

nous nous sommes perdus

et quand
j'allais chez toi
que je
poussais la porte, que j'traversais la cour
j'avalais l'escalier, tu m'ouvrais d'un bonjour
d'une bière, ou d'un café, on s'mettait à chanter
à boire, à discuter
et on
laissait dehors
les masques de mort
les sourires gris
nos discussions
portaient des shorts
derrière la porte
y avait paris

[ perdus dans ton métier perdus sous mes grands airs
perdus par les années perdus en nous-mêmes ]

derrière ma porte,
y a plus paris
paris est morte
vive marie

mais y a toujours une cour
un palier, un bonjour
des jurons, ton humour
ses bites à tous les carrefours
y a toujours une cour
tes chansons, mes amours

même si nous nous sommes perdus

et nous nous sommes perdus, guillaume

(écrite au pays des souvenirs, de 2001 à 2011)
              

chanson pour a

Versiversaire de noël

au bord de l'âtre rouge et lourd
l'air a creusé comme un bruit sourd
là vient nicher l'oiseau des braises

l'air est une part du gâteau
servi en festin sur ta peau
au creux des cendres croît la fraise

sous les dents craquent les akènes
des fraises des bois pourléchés
grumeleux est l'air rabâché
sous les doigts des oreilles naines

le feu nous a donné sa laine
l'air a chaud sous son cache-nez
tu sens sur toi monter l'haleine
du troupeau dans la cheminée

(sur un poème de Charles de Mallotis, poète né le 25 décembre 2010 au coin du feu, mort le 25 décembre 2010 au coin du feu)

chanson pour jérémie g, voire sylvie t

(au bois du cœur de jérémie)

au bois du coeur de jérémie
une jolie fleur clandestine
voulait se mêler aux branchages

d'abord une graine endormie
vingt-et-trois ans, ambre de chine
endormie comme un coquillage

une aile l'avait, ingénue
déposé là, bonne fortune
et le vent recouvert ses traces

à peine née, encore nue
elle sentit la terre brune
et le printemps, dehors, hélas

corolle basse, main jolie
enveloppa ses étamines
mit pétale à leur tendre sabre

la tige, un bouton en vigie
fit route, évitant les racines
pour ne pas renverser les arbres

une nuit enfin, air en vue
air murmuré du haut de hune
et les odeurs, d'été, d'orage

elle vint alors dévêtue
baigner sa robe au clair de lune
et conter fleurette aux nuages

lasse elle y vit l'astre pâlie
tu as, lui dit-elle enfantine
l'orbe de nuit pour tous voyages

je vis aux vents, tu les relies
au horizons, on me piétine
lune, dis-moi, dis tes voyages

[sifflotement]

la rose des vents réunie,
j'ai, dit l'astre, une nuit marine
et la voûte diurne en naufrage

tu es comme l'étoile aux nues
ouvrant sa corolle d'écume
dans la clairière des nuages

tu es sa soeur et son amie
quand pour qu'il te cueille elle incline
le ciel enivré vers le soir

si pour les sots, les sans envies
vous n'êtes rien, un qui chemine
avec dans vos yeux ses regards

vous a pour seule compagnie
l'étoile timide en pluie fine
et un beau brin de fleur sauvage

au bois du coeur de jérémie
de petites fleurs clandestines
en douce ont poussé dans l'ombrage
1998, où des manteaux poussent aux corneilles

chanson pour david

david, pour ton anniversaire,
je t'offre un vieux dromadaire,
une fourchette, une cuillère,
pour voyager dans le désert

david pour tes vingt-cinq ans
je t'offre ton appartement
ton canapé, un mondrian
de la vodka, le lac léman

vite il faut souffler les bougies
avant que n'arrive la pluie

vite il faut manger le gâteau
avant d'avoir les pieds dans l'eau

david pour ton quart de siècle
je t'offre une paire de baskets,
un chapeau, une clope en teck,
des verres solaires, et un imper

vite il nous faut écoper nos barques…
   …couper…
le fil de l'eau sous les pieds des Parques

vite il me faut finir ce tube
avant d'assécher le danube

david pour ton millésime
je t'offre cinquante assimil,
un vélo, une limousine
qui carbure au sel de cuisine…

david, pour ta berge en rab
je t'offre ce bol de syllabes,
de la kasha, de la bière, une rame…
et victor hougo en sourabe

et victor hougo en sous

duna, duna, duna, kayaka
duna, duna, duna, canoa

duna, duna, duna

(été 2007, sur les bords dudit fleuve)

chanson pour c & t

(sur un poème de jean de la flaubert)

deux pigeons s'aimaient d'amour tendre
l'un d'eux s'ennuyant au logis
fut assez fou pour entreprendre
un voyage en lointain pays

l'autre lui dit : qu'allez-vous faire
voulez-vous quitter votre frère
l'absence est le plus grand des maux
non pas pour vous, cruel. au moins, que les travaux
les dangers, les soins du voyage
changent un peu votre courage
encor si la saison s'avançait davantage
attendez les zéphyrs. qui vous presse ? un corbeau
tout à l'heure annonçait malheur à quelque oiseau
je ne songerai plus que rencontre funeste
que faucons, que réseaux. hélas, dirai-je, il pleut
mon frère a-t-il tout ce qu'il veut
bon soupé, bon gîte, et le reste

ce discours ébranla le cœur
de notre imprudent voyageur
mais le désir de voir et l'humeur inquiète
l'emportèrent enfin. il dit : ne pleurez point
trois jours au plus rendront mon âme satisfaite
je reviendrai dans peu conter de point en point
mes aventures à mon frère
je le désennuierai : quiconque ne voit guère
n'a guère à dire aussi. mon voyage dépeint
vous sera d'un plaisir extrême
e dirai : j'étais là ; telle chose m'avint
vous y croirez être vous-même

il voyagea
il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l'étourdissement des paysages et des ruines, l'amertume des sympathies interrompues
il revint...
                ...maudissant sa curiosité
traînant l'aile et tirant le pié
demi-morte et demi-boiteuse
droit au logis s'en retourna
que bien, que mal, il arriva
sans autre aventure fâcheuse
voilà nos gens rejoints ; et je laisse à juger
de combien de plaisirs ils payèrent leurs peines

amants, heureux amants, voulez-vous voyager ?

chanson pour marie

est-ce que marie est marrie ?
est-ce que marie est marie ?
est-ce que marie aime à rire ?
est-ce que marie aime harry ?

je ne sais pas
mais je pense à toi
et je ne sache pas
qu'on puisse ne pas en pincer pour toi

aussi

sûrement, marie a mari
sürement maria m'a ri
au nez, amara ex mari
unde se amara amari

mais je perds mon latin
depuis qu'un matin
tes traits m'ont atteint
et cupidon, lutin,
joue sur mon luth un
petit air mutin

ma marie, ma seule reine
ta couronne est mon arène
je me pends à ton pouce
qui dit vis ! ou qui dit ouste !

tralalala

si ma rime ne rime à ri...
...hein, si marie en a marre... iiiiii...
...llico je pars pour samarie
me pendre au plus haut tamaris

on s'était plu
mais je ne suis plus
marie, je vous salue
je vous en prie, ne riez plus

car

mourir de t'aimer me marrit
je me meurs, elle se marre… hi hi hi !
hop ! un pavé dans sa marre hiiiiii !
et au diable les ave marie

notre amour prend l'eau
tu n'es qu'une ado
je te tourne le mien
mais l'amour mate l'eau,
nage entre nos os
me ra...mène en bateau

ma marie, ma sirène
sans toi, c'est la quarantaine
j'ai l'âge mûr pour mourir
dans l'océan de tes rires

tralala mais

amour amarré au mât rit
de ce marin qui ô marie
ne vous fut mari, ne vous fut mari
ne vous fut mari mais rima


 

 (brodée en 2008, sur un mail de mai)

chanson pour ln

alors,
  ça y est

alors,
  tu pars

tu ne reviendras plus

(je sais plus quand, mais vieux)

chanson pour j. f.

(sur un poème de Charles d'Orléans)

ma seule amour, ma joye et ma maistresse
puisqu'il me fault loing de vous demourer
je n'ay plus riens à* me reconforter
qu'un souvenir pour retenir lyesse

en allégiant, par espoir, ma destresse
me convendra** le temps ainsy passer
ma seule amour, ma joye et ma maistresse
puisqu'il me fault loing de vous demourer

car mon cueur las***, bien garny de tristesse
s'en est voulu avecques vous aler
ne je ne puis jamais le recouvrer
jusques verray vostre belle jeunesse
ma seule amour, ma joye et ma maistresse

*à me réconforter = qui me réconforte
**convendra = conviendra = il me faudra
***cueur las =  cœur las (texte original : las cueur)